la mer est basse ce matin,
elle sait qu'elle devrait faire attention
mais c'est plus fort que tout
presque vital.
aller toujours un peu plus loin
se presser pour revenir enfin
avant que la mer ne remonte
et l'emprisonne avec elle
un jour elle le fera sûrement
ne pas revenir.
mais pas aujourd'hui
aujourd'hui elle réalise un vieux rêve
celui de s'approcher un peu plus
des bateaux
des beaux bateaux
ceux qu'elle voit de loin souvent
jamais monté dans un.
elle l'a remarqué celui à la coque troué
elle le pensait abandonné
alors elle a prit ses coquillages
les blancs
les plus doux
pour venir remplir les trous
avec de la sève récoltée dans la forêt
loin d'ici et des bateaux maudits.

parfois il pense à maman et,
à ses cheveux de la couleur du soleil
(il brille ce matin d’ailleurs
mais eux, ne brilleront plus
plus jamais)
depuis qu’elle est partie,
le monde a changé, c’est indéniable.
comme si maman était un petit peu responsable
de l’ordre des choses.
depuis que maman est partie
les mouettes ne chantent plus pareil
elles ont l’air tristes,
elles aussi.
et le vent est moins fort
comme fatigué, à bout de souffle,
lui aussi.
et barbie aussi se sent comme eux, parfois.
ce matin il a pas le courage de prendre la mer
il voudrait rester là toute la journée
à penser à maman
allonger dans la vieille barque.
il entend un bruit tout contre la coque
comme un crabe qui viendrait
se frotter au bois légèrement vermoulu
eh toi, tu t’en prends à mon bateau?
comme pour surprendre l’animal
il surgit hors de la barque
mais ça n’est pas un crustacé qui lui fait face
oh..hum..excuse moi,
je t’ai prise pour un..un crabe..
mais qu’est-ce que tu fais à mon bateau ?
à côté d’elle, un tas de coquillages
tous blancs et réguliers
ils jurent avec la coque abîmée