blessures parsemées sur ses
petits pieds sanguinolents,
égratignés par la roche couleur nuit
elle distingue à peine les ombres
des fantômes
à l'heure où tout le monde se cache

dans le dédale de pierre,
des larmes de sirène,
des diamants égarés
des vers de ter et des fruits de mer
au bord de la mort,
si près de la mer

(vous diriez quoi si je vous disais
qu'elle avait suivi
une voix
jusqu'ici?)

et puis quelque part par terre,
sa pierre
précieuse
à elle
les mains et les genoux au sol
sous ses ongles, des grains de sable
à force de gratter, gratter,
sans jamais s'arrêter

il est fatigué car il ne s'est pas reposé depuis le début de la journée
il se dit qu'il aura le temps après s'être baigné dans l'eau de la mer
il se dit aussi qu'il aurait le temps de se reposer s'il avait fini de travailler
mais moïse ne s'arrête pas comme ça, et il chante dans sa grotte.

il aime chanter mais il n'a jamais pris de cours,
en même temps il n'y en a pas sur l'île.
sa voix il l'a toujours fait sonner sur les parois des souterrains
car les souterrains sont beaux et il serait dommage de ne pas profiter de leurs sons.

des gratouilles résonnent aussi,
peut-être que ça le fait rire.
doucement il s'avance dans les boyaux de gaïa
c'est très étrange, surnaturel
on entend des sanglots
comme ceux de l'automne
qui blessent nos coeurs d'une langueur monotone
verlaine n'aurait pas dit mieux, n'est-ce pas.

moïse marche, chantonne des airs d'hier
c'est chez lui ici, et il n'y a pas d'intrus.
au sol, courbé, gratte une femme
on dirait une enfant, mais c'est clair que c'en est une aussi
elle est les deux
mais elle a l'air blessé
doucement moïse se penche
comme l'homme décrit dans la bible
il se penche et dit, simplement
que t'arrive-t-il ?