La tempête s’immisce à travers une fenêtre ouverte et détruit tous les objets de valeur appartenant à Joe. Les nuages frôlent le plafond, le vent souffle les pages des livres, la pluie déborde dans les tasses. Assis sur sa berçante, Joe se laisse balancer par la tempête, attendant patiemment qu’elle l’entraîne dans ses violentes bourrasques vers de lointaines régions où un calme imperturbable mène les jours. En fermant les yeux, il peut presque les voir ; des arbres hauts et verts dominent les lieux et ombragent les plages de sable blanc, de minuscules crustacés se cachent sous les pierres polies par la mer, celle que l’on peut entendre qu’importe notre position et qui s’exhibe jusqu’à la limite du monde. Elle ne va nulle part, mais nous donne l’impression qu’elle peut nous entraîner dans ses flots et nous amener où l’on veut. 
Mais la tempête nous retient dans ses rafales et nous amène où elle le désire ; il n’est pas question de lui échapper puisqu’elle finit toujours par nous rattraper. Elle a retrouvé Joe et jure qu’elle ne le quittera plus. Où qu’il aille, elle ira aussi. Où qu’il se tapisse, elle se tapira aussi. Il ne sera plus jamais seul, car elle sera à ses côtés comme une vieille amie.