encore
une
fois
papa, ce soir, dit
« il est débile »
et maman rétorque en s’énervant
« laisse-le tranquille, il est gentil »
l’immense môme remonte dans sa chambre
claque la porte et fait quelques pas de danse
les chaussettes sur la moquette
il allume la musique
le volume est à fond
un bracelet glisse de son poignet et tombe par terre
mais il s’en fiche totalement
son corps s’agite encore
les cheveux devant les yeux
les paroles au bord des lèvres
il connaît tout par cœur
« baisse le son » hurle son père
et trente secondes après il répète
« baisse le son j’ai dit »
mais cette fois il monte
trois
petits
pas
l’immense môme écrase le bouton du volume
il baisse le son
son père redescend
« tu es trop sévère avec lui »
dit sa mère qui l’attend au tournant
« et toi tu le laisses tout faire »
réplique son père,
et il surenchérit
« du coup il a vingt piges et il vit encore ici »
elle allait rétorquer mais,
il lui coupe la parole
« tu l’étouffes et ça ne lui rend pas service ma chérie »
comme si les compliments allaient changer quelque chose
par contre elle ne dit rien
que peut-elle bien dire quand il fait son malin ?
c’est
pas
terminé
les jours d’après quelqu’un lui donne sa chance
EMBAUCHÉ
il va le dire à tout le monde
IL EST EMBAUCHÉ
tout le monde s’en fiche
il l’annonce à sa mère et à son père
« je te l’avais dit »
dit-elle en souriant
lui il est dubitatif
« et qu’est-ce que tu vas faire ? »
l’immense môme dit
« veilleur de nuit »
c’est mieux que rien
son père capitule
pourquoi pas après tout
dormir
le
jour
et
vivre
la
nuit