ça va pas trop, jroule un tehr
trop d'haine pour neuf mètres carré.

la tragédie de mon histoire c'est sa banalité,
finalement je suis bien ordinaire.
rien de moins spécial que de se croire différent,
persuadé de mon caractère unique
que dieu me pardonne,
pour avoir cru que mes ailes de cire étaient un présent personnel
c'est le cadeau par défaut même à notre putain de race humaine.

pourtant je pense avoir de la personnalité, j'avais des rêves à l'ancienne, écolier aux ourlets mal retroussés, le sac trop lourd, le béguin trop facile, on m'a plusieurs fois dit que je faisais preuve d'une certaine méchanceté, une fois ma mère m'a forcé à dire pardon à une gamine que j'avais insultée,
j'avais rien fait
c'était sa faute à elle,
elle disait que si je ne l'aimais pas assez elle me tuerait
je n'attendais que ça
mourir de ses mains de poupée


le fil rouge de mon ambition va finir par m'étouffer,
trop de fois j'ai du le démêler
trop de fois j'ai du m'excuser
à relever les gens qu'il faisait trébucher,
je suis monté, plus loin, plus haut, j'ai touché le soleil du bout des doigts,
mon corps a subi les sévices de ma mauvaise foi
j'aurais aimé qu'on me prévienne
à quel point c'est solitaire
de fixer la terre
des milliers de kilomètres plus bas.

je n'étais pas complètement dénué de passion
effigie du club de boxe du lycée,
enfant-roi famille vitrine prodige prématuré
promesse d'une bourse et d'un avenir pas trop insensé,
la violence en art de vivre, le feu dans les poings, coups de sang sous mes cils,
tu devrais te reposer un peu
avant de te consumer  
non, non
peur de dégringoler
avant de voir l'océan, le désert était tout ce que je pouvais contempler
des mots différents pour une même chose
je peux pas prendre le risque de voir le mirage se dissiper...

quand je suis redescendu mon cœur ne savait plus battre
j'vois les hommes les yeux qui saignent
adultes qui détruisent les enfants
fragments traumatiques, mon frère, mon père, mare de sang
vous allez voir c'est quoi ma haine,
que j'ai craché
sur le souvenir des bleus mal dissimulés.

les filles que je caresse en pâtissent
souvent mes mains s'attardent autour de leur gorge fragile que je pourrais briser d'un regard triste  
je vois dans leurs yeux le vide de mon désir
reflet scandaleusement érotique

sainte-pélagie, trop d'peine pour pas s'égarer
tristesse faut pas calculer...
bruits d'alarme en acouphène
finalement tout ça s'résume à raconter ma haine.