ça sent le brûlé et le plastique fondu. ça sent le sucre fondu, et la fin de la fête foraine. ça sent les chutes à répétition. ça sent le bleu, le rouge, le mauve, ça sent le rose sale.
ça sent comme un rêve qui tourne au cauchemar.
ça sent un goût étrangement horrible.

bleu rouge bleu rouge bleu rouge.

on l’emmène, on la couvre d’une couverture dorée qui fait des bruits qui claquent à ses oreilles.

on l’emmène loin, très loin, de ses fétiches, de ses grigris, de sa tanière de blaireau.

on l’emmène loin des filles pastels et des baisers pomme d’amour.

on l’emmène dans du gris , du blanc, du bleu passé. on l’emmène dans un endroit bruyant de vrombissements et de machines infernales. elle s’y perd, elle se perd, elle abandonne tout, tout ce qu’elle était. elle oublie.

sauf la chute.

encore et encore et encore. dans son esprit. la chute et puis les grands champs, et les promesses, et les pardons, et les merci.

elle trouve le sucre dans de l’ambré, un sucre qui brûle, un sucre qui racle la gorge. elle trouve des bleus quand il l’aime trop fort, qu’il lui dit. elle trouve des pansements sur ses genoux tout abîmés quand il la racle par terre, et qu’il la plaque au sol. elle trouve des roses entre ses jambes, doux mélange rouge-blanc.

elle trouve une étoile sous son nombril.

elle peut pas laisser l’étoile s’éteindre, alors, comme un fantôme, comme une ombre de baby, elle disparaît. elle prend un bateau pour le lointain, pour une île inconnue, chuchotée dans un rêve fantasque.

et elle se trouve ici, cheveux délavés, lunettes sur le nez,

ventre tout bombé.

sainte-pélagie.
sainte-tragédie.