maman a poussé son dernier souffle. elle a osé. et lui, sur son corps sans vie, a pleuré. pour la première fois depuis son enfance, des perles salées sont venues régner sur son visage jusqu'à atteindre la commissure de ses lèvres. c'est ainsi qu'il a pu identifier le goût amer de celles-ci.

maman est morte et elle l'a laissé seul, à sainte-pé. les cloches ont sonnées pour elle. deux coups. ceux-ci ont résonné dans la tête du gamin jusqu'à la nuit venue. nuit qu'il a passé dans un appartement, jambe contre son torse tandis qu'il murmurait encore le nom de sa mère.

rapidement, il a arrêté. maman est morte. il a arrêté de couiner, en ayant marre d'être endeuillé pour une mère qui, de toute évidence, allait souffler son dernier soupir dans la nuit. maman est morte. elle l'était bien avant l'heure. elle a laissé un fils derrière elle, un fils qui ne saura que faire. de sa folie, elle le guidait. de sa folie, il suivait.

cette nuit-là, il a quitté cet appartement pour affronter l'air doux et pourtant frais de sainte-pé. peut-être l'air avait-il le goût de la mort, lui aussi. il s'est approché des falaises et lorsqu'il pensait sauter à son tour, il ne l'a pas fait. il a reculé, enfonçant ses semelles dans la terre, écrasant l'herbe à chaque pas.

la vague s'est écrasée sur la falaise et il a cru se faire réveiller par quelques gouttelettes d'eau sur son visage.
elles aussi avaient un goût salé.