dans la petite cabane, il y a deux chambres. mais une seule reste en branle. figée par l'absence de l'ancien occupant. figée pour des siècles durant. déjà trois années que personne n'y est passée. pas même agnès. elle redoute son fantôme. elle cache son odeur de milles fleurs provocantes. sur le pallier, pas plus loin. un sanctuaire qu'on ne saccage pas même d'une simple entrée. le frère parti dans les vagues impériales. le pécheur sans peur qui se fit avaler par l'orage. des planches, des lambeaux, qu'elle a gardé dans la remise. des souvenirs, seulement. il n'est jamais remonté du fond des abîmes bleutés.


avant elle dansait, de ses dix doigts sur le clavier. voilà vraiment ce pourquoi agnès vivait. avant il l'écoutait d'une attention sacrée. il savait ces mélodies pour un autre. pas pour un frère non, pour une flamme incendiaire. comme il ne venait plus elle les jouait pour lui. pour se rappelait la joie d'une passion dont on ne garde que des brides. d'ailleurs agnès n'en avait aucune et ses amours portaient toutes les couleurs et même plus encore. de nuances en camaïeu, le ciel lui inventait de nouvelles teintes. et comme tous les hommes de sa vie, il est parti.