chanson de la désillusion (isis)
:: while i'm alone and blue as can be :: VERSION 1 :: rps

les vagues s'écrasent,
salement,
sur les rochers,
abîmés.
les vagues,
éclaboussent,
ce garçon.
cigarette au bec,
pas exceptionnel,
c'est toujours la même chanson.
la chanson de l'abandon,
chanson du con.
il s'en amuse, mais au fond, y'a lésion sur son petit coeur.
pourquoi la plage en hiver ?
pourquoi ton taudis en été ?
pourquoi la solitude ?
pourquoi pas comme les autres, hein, dis, gamin ?
il fait froid,
mais pas de tremblements. il fait l'fort,
mais demain, il aura la crève,
crève, il aime ce mot.
crève, crève, crève,
qu'il balance aux vieux,
aux vieilles, aux dames et aux enfants.
quel bon garçon. un sauvage, un rejeton.
le paysage est agréablement laid,
gris, nuageux et pourri.
pourtant, ça empêche pas princesse (son surnom, mais que dans sa tête),
de venir s'y promener.
merde, elle pourrait s'faire emporter par une vague,
la gamine.
emporter au loin et plus jamais revue,
il serait tranquille. libéré, mais emprisonné dans une peine inconnue.
gamine, qu'est-ce que tu fous là?

le temps qui s'gâte.
un peu plus de jour en jour.
le soleil qui décline, au profit des nuages.
d'la pluie,
aussi.
sale temps.
presque d'quoi gâcher les journées d'isis.
sauf qu'rien n'peut l'empêcher d'sortir,
d's'amuser, d'faire des conneries.
rien.
ni personne.
isis qui sort, malgré l'vent.
la pluie qui menace d'tomber d'ici peu.
et elle s'rend au pire endroit de l'île.
la plage. là où les vagues s'font menaçantes.
là où tout est calme, d'ordinaire.
tout l'contraire aujourd'hui.
les vagues qui se déchaînent,
parce que l'vent s'en mêle.
les pieds dans le sable, le regard au loin.
vague sourire sur les lèvres,
en voyant tout les éléments se déchaîner.
comme un air d'fin du monde.
sauf que l'pire, c'pas l'état de la mer,
non, l'pire, il est dans son dos.
à même l'sable.
une silhouette.
présence qu'elle distingue finalement. regard qu'elle lui accorde.
à lui, pas un autre.
privilégié qui n'est est pas vraiment un.
privilégié qui n's'en rend même pas compte.
si t'hésite à t'jeter à l'eau, vas-y. t'retiens surtout pas. t'iras loin là. t'iras tenir compagnie aux poissons, sûrement.
les mots qui sortent, naturellement.
chassées les bonnes pensées, celles qui sont jolies,
trop pour lui, trop pour eux.
les mots qui s'veulent un brin blessant, l'ton sec.
l'tout qui s'accorde parfaitement au déferlement des éléments dans son dos.
parce que ouais, la gamine, elle lui fait face,
s'plante devant lui. droite. comme un i.

bebe, il n'aime rien,
ni personne.
bebe, c'est un vide qui refuse d'être comblé.
il refoule sa haine sur,
les jolies fleurs,
les méchantes épines,
et même les bébés chiots.
il refoule sa haine sur le temps,
merdique qui plus est,
sur le soleil quand il tape,
sur la neige inexistante,
sur la pluie,
qui le rafraîchit.
parce qu'il a l'sang chaud,
et son sang refroidit quand elle arrive,
basse température,
elle annonce la tempête.
elle défonce tout sur son passage,
dont son humeur déjà maussade.
bravo, gamine, bravo.
c'est toi qui devrait y songer.
tu ressembles plus à un thon que moi,
tu trouves pas?
c'est bien bas, mais c'est tout ce dont elle mérite,
elle et ses cris persistants,
stridents.
elle te saoule, figer devant toi,
elle essaye de faire quoi ?
j'étais justement entrain de prier pour que tu glisses et tombes,
et que les rochers te fasse taire. ou les vagues.
c'est pareil.
un signe qui lui dit : dégage.
tu me gâches la vue.
parce que hors de question d'avouer, que, mine de rien,
il a le plus beau paysage devant ses yeux.
et il parle pas des nuages, ni des vagues,
mais de la princesse.

l'temps pourri qu'elle aime bien trop.
gamine qui apprécie c'que les autres détestent.
c'qui est cassé, bancal.
c'pauvre gars en fait partie, malheureusement.
bebe, a qui elle accorde bien trop d'importance.
bien plus qu'elle le devrait, bien plus qu'il le mérite.
elle devrait l'ignorer. continuer d'avancer. n'pas l'regarder.
regard qu'elle lui lance, pourtant.
les mots qui sortent, vite. sans qu'elle ne réfléchisse.
provoque. et lui, il répond.
forcément. il n'peut pas s'en empêcher.
sale gosse. sales gosses même.
t'es tombé bien bas mon pauvre. mais si ça peut t'faire plaisir d'm comparer a un thon, bah vas-y. si ça peut t'permettre d'te sentir mieux dans la peau. fais au moins l'effort d'me comparer au thon rouge. j'suis en voie d'disparition, quasi unique.
gamine qui reste bien droite.
qui ne flanche pas. pas même avec le vent.
pas avec ses mots non plus. fait mine qu'rien ne l'atteint vraiment.
tout coule sur elle. contre elle.
putain d'connerie. elle retient. elle retient tout.
chaque mot soigneusement enregistré dans un coin d'sa tête.
parce que ça pourra servir, à un moment.
même en m'cognant contre les rochers, en m'noyant quasiment dans la mer, tu m'entendras encore gueuler, t'en fais pas pour ça.
et ça sonne presque comme une promesse.
promesse de ne jamais le laisser tranquille.
jamais vraiment, jamais longtemps.
gamin qui ne mérite en aucun cas la paix qu'il semble vouloir.
gamin qui veut qu'elle décale. mais gamine qui ne bouge pas.
pas d'un poil. manquerait plus qu'ça.
qu'elle obéisse.
alors y'a son majeur qui se dresse. fièrement.
et elle le lui adresse, sourire aux lèvres.
isis qui s'pense maligne. plus que lui. plus que les autres.
mais qui ne s'enfonce pas. qui n'dit rien là-dessus.
parce qu'elle n'aurait rien dit d'bien intelligent.
gamine qui agit comme telle.
enfantine, de temps en temps.
tu pouvais pas rester dans ton taudis aujourd'hui ? j'aurai eu la paix au moins.
la voix qui ne s'élève pas.
pas besoin d'ça. pas là. pas pour le moment.
encore calme.
les limites qui ne sont pas encore franchis.
alors isis, elle n'sort pas encore vraiment d'ses gonds.

c'est qu'elle en a dans la caboche,
le thon rouge, qu'elle te sort,
tu savais même pas qu'un thon avait plusieurs couleurs,
c'est qu'elle connaît des choses vachement inutiles,
comme son existence.
wow, t'es bien bas mon pauvre.
tu devrai penser à rejoindre tes thons rouges,
pour l'amour de dieu.
ils doivent te manquer.
mais toi, tu nous manqueras pas.
bonne blague.
entre toi et elle,
c'est bien toi le fantôme.
on pleurera pas sur ta tombe,
possible même qu'on la détruise,
parce que personne te connaît vraiment,
et que ce serait inutile d'en avoir une. tu sais pas.
tu penses trop souvent à ça,
à la mort,
ta tombe,
le reste.
j'savais que t'étais une chieuse.
ça m'étonne pas.
elle a pas froid aux yeux,
ni au majeur, apparemment,
il soupire.
pas de temps pour ses gamineries,
pas le temps de lui retourner son geste,
même s'il en a envie, intérieurement.
il tapote dans ses mains,
gelées.
allez dégage. tu m'énerves.
j'étais là avant.
il ne la regarde même pas,
il veut pas rencontrer ses iris,
à isis.
non, trop dangereux,
ce serait entrer dans une danse éternelle.

isis, c'est c'genre de meuf qui retient des trucs inutiles,
mais galère à retenir les trucs importants.
l'genre de trucs à noter en rouge et en gros.
mais non, elle oublie.
par contre les thons rouge, ça elle retient.
papa qui l'a dit, à la maison.
a un repas de famille, et isis qui s'est foutu d'sa gueule.
sauf qu'aujourd'hui, c'est elle qui sort la référence.
comme une conne.
elle sait très bien qu'c'est inutile.
qu'il va s'foutre de sa gueule bebe.
et ça manque pas. évidement.
n'importe qui, n'importe quoi, est d'meilleur compagnie que toi. alors ouais, j'devrais peut-être aller rejoindre les thons rouges. sauf que moi si j'pars, on va m'chercher. on va essayer d'me retenir. contrairement à toi.
gamine qui insiste, sur le n'importe quoi.
parce que dans l'fond, c'est vrai.
qu'même un objet est d'meilleure compagnie que lui.
plus agréable. alors qu'il n'aura aucune utilité.
aucune conversation. rien.
mais ça serait mieux que ça. que lui.
isis qui lui adresse son majeur. fière d'elle en plus.
elle s'attend à le voir lui retourner son geste. mais non.
mais rien. rien du tout.
il joue l'gars plus mature. sauf qu'il parle.
et fait l'gamin.
il était là avant elle.
elle a presque envie d'se marrer en l'entendant.
comme si l'excuse était bonne. recevable.
putain de connerie.
et tu crois qu'c'est l'fait que j'suis arrivée après qui va m'faire partir ? tu vis dans quel monde toi ? déjà d'où, moi, j't'obéis ?
les yeux qu'elle lève au ciel. alors qu'elle sait qu'il ne le voit pas.
qu'il ne la regarde pas. qu'il ne la regarde plus.
mais elle ne bouge pas. reste bien devant lui. s'installe même dans le sable.
prend sa place. ses aises. provocation qu'elle continue.
encore un peu.
t'es un vrai gamin en fait. c'est impressionnant.
l'hôpital qui s'fout, au moins en partie, de la charité.
mais elle s'en tape de ça. ne s'en rend même pas vraiment compte.
gamine qui l'observe. fixement.
le détaille, sans aucune gêne.
chaque trait de son visage qui est passé en revue.
de ses yeux regardant au loin, à sa mâchoire bien dessinée.
isis qui s'tape de savoir s'il la prend sur le fait.
si il lui fait une remarque là-dessus.
isis qui arrivera a s'en sortir. à coup sûr.

isis, elle n'a pas tort,
c'est peut-être pour cette maudite
et fichue raison,
qu'il ne trouve rien à répondre sur le fait.
pour une fois, c'est pas une connerie qu'elle sort,
mais bien la triste,
et douce, vérité.
ça fait même plus mal. auparavant, si.
mais maintenant ? plus rien. même pas un petit pincement.
par contre, bebe, il a pas envie qu'on le retienne.
il a envie, que, quand la mort viendra toquer à sa porte,
elle l'emporte rapidement,
parce qu'il veut pas que ça dure,
ni que ça fasse mal,
il veut juste s'évaporer dans l'espace et s'faire oublier,
sans que lui n'oublie.
il oubliera pas la gamine, même s'il aimerait,
il oubliera pas l'île, même s'il voudrait,
en fait, les souvenirs resteront coincés avec lui,
au paradis, en enfer, ou dans le néant,
lui croit à l'enfer,
au vide,
au feu.
l'paradis, c'est pas un endroit pour lui,
et ses conneries.
il répond pas,
pas même pas un ta gueule. nan.
il veut pas montrer qu'elle a touché dans le mille,
l'idiote.
on t'a déjà dit que t'avais une tête à claque ?
qu'on se lassait vite de ta voix ?
que t'étais chiante à s'en tirer une balle ?
parce qu'il serait temps que tu réalises.
tu piges ?
il a le sang qui ne fait qu'un tour,
manque de patience,
il chauffe vite,
c'est un volcan,
presque en irruption, mais pas trop quand même,
il brûle, mais réduit pas encore en cendres.
il aimerait.
bebe la voit s'installer,
tranquillement,
devant lui. putain de merde.
il aimerait qu'une vague vienne s'écraser sur son visage d'ange,
il aimerait, secrètement,
qu'un thon fasse surface et la frappe en pleine tête.
il souhaite tout son malheur, à la gamine.
dit-elle,
maman devrait pas te donner l'biberon? c'est pas encore l'heure ?
allez, bouge, tes parents vont s'inquiéter.
et j'ai pas envie qu'on m'accuse de quoi que ce soit.
alors,
dégage.
il dit, froidement, alors qu'il sent son regard arpenté chacun de ses traits.
elle le gêne.
mais pas de là à le faire rougir.
non, il est pas faible.
il s'appelle pas isis.

isis, elle voulait l'faire réagir.
l'faire crier.
au moins un peu.
l'énerver. le voir rager, dans son coin.
l'entendre pester. l'insulter.
et pouvoir sourire, pour qu'il s'énerve encore un peu plus.
provoquer. encore et toujours.
mais non. elle ne peut rien faire d'tout ça.
juste attendre. attendre qu'il finisse par s'énerver.
gamine qui aime bien trop ça.
voir les flammes danser dans ses yeux.
ses poings se serrer et sa mâchoire se contracter.
isis qui aime semer le chaos et récolter la tempête.
se rependre tout en plein visage,
pour pouvoir gueuler à son tour.
et qu'le discours de sourds débute.
cercle qu'elle ne connait que trop bien maintenant.
lui qui n'montre rien,
qui ne relève même pas ses mots.
ne dit rien sur tout ça.
tout ce qui était censé le toucher,
mais qui n'a pas l'effet escompté.
mais finalement, ça arrive.
bebe qui prend parole.
balance des mots destinés à la blesser.
mais rien n'change sur le visage de la gamine.
rien ne transparaît.
isis qui n'peut rien laisser passer.
pas devant lui. surtout pas.
il serait bien trop heureux d'voir c'qu'il peut réussir à faire.
t'sais, tout ça, ça sonne presque comme des compliments venant d'ta part ? mais si j'te fais tellement chier, pars.
les épaules qui se haussent.
parce que ça semble logique c'qu'elle dit.
qu'il n'a qu'à s'barrer s'il n'est pas content.
et c'est vrai.
bebe, il peut partir. là. maintenant.
isis qui ne le retiendra pas. pas aujourd'hui.
peut-être même jamais. trop fière pour ça, sûrement.
ça paraîtrait bien trop bizarre entre eux c'genre de choses d'ailleurs.
un truc beau. normal. ça ferait tâche.
ça ferait froncer les sourcils.
ça glisserait un silence gênant. réellement.
gamins un peu étranges.
qui n'fonctionnent pas comme les autres.
vraiment pas. sûrement montés à l'envers. pièce manquante. peut-être même plusieurs.
isis qui s'installe. bien comme il faut.
jambes croisées, bras aussi. contre sa poitrine.
regard rivé sur le jeune homme.
et ses mots qui résonnent. qui la font rire.
bien malgré elle. ce genre de truc qu'elle ne peut retenir.
le ridicule de sa réponse.
t'es ridicule. m'donner l'biberon ? t'as rien trouvé d'mieux. ça me déçoit même venant d'toi.
le silence qui reprend un court instant ses droits.
le temps qu'elle assimile ce qu'il a dit d'autre.
qu'on t'accuse d'quoi au juste ? de détournement d'mineur ? d'agression ?
sourire en coin qui se dessine. qui s'impose.
alors qu'elle le détaille. toujours. minutieusement.
elle sait qu'il ne rougira pas. pas pour si peu.
parce qu'il en faut plus pour le déstabiliser.
bien plus.
t'es vraiment moche en fait.
les mots qui glissent. qui sonnent vrai.
mais au fond, la gamine, elle sait qu'c'est faux.
qu'il est beau c'con. bien trop.

il en rigolerait presque,
lui,
la complimenter ?
jamais. dans ses rêves, peut-être,
et encore, ce serait compliqué à imaginer.
parce que c'est sûrement jamais arrivé.
il sort que des vacheries, des mots crus,
des reproches ou des phrases neutres.
pas de mots doux, gentils, agréables.
mais bien tout le contraire.
et isis, elle a beau, parfois, voler des regards différents,
c'est tout ce qu'elle possède de plus que les autres.
son regard, parfois intéressé, parfois ennuyé,
parfois passionné. mais le vide revient souvent rapidement,
pas le temps d'en profiter que l'enfer reprend ce qui lui ai du,
toute trace de bonheur ou de bonté.
vachement dépressif comme garçon;
c'est la mort incarné,
et elle,
c'est tout de ce qu'il y a de plus vivant.
misérable coïncidence.
c'est pas à moi d'me tirer.
et la voilà, avec ses grands mots,
ridicule.
un nouveau sur la liste. c'est qu'elle en devient longue.
elle les enchaîne, les idioties, les mots pas sympas,
ils se détruisent, s'arrachent,
mais c'est ça qui garde la flamme allumée,
et la flamme, elle compte beaucoup pour lui,
pour bebe.
ouais, le biberon. y'a quoi d'mal?
pas aussi recherché que tes thons rouges ?
et j'sais pas,
les gens sont comme toi ici,
cons.
il hausse des épaules,
comme tout était simple,
anodin.
comme s'il venait pas de la traiter de conne,
sans se remettre en question.
c'est donc pour cette raison que tu me dévores du regard.
parce que je suis moche,
laid,
affreux ?
ça t'fait d'l'effet, les méchants garçons ?

les mots qui ne sonnent pas comme des reproches.
pas totalement comme des compliments non plus.
elle en rajoute, comme souvent.
des compliments de la part d'bebe, elle sait pas a quoi ça pourrait ressembler.
elle n'ose même pas imaginer.
ça doit faire peur.
c'pas naturel venant d'lui.
l'truc qui doit choquer, pendant des heures, des jours.
si un jour, ça finit par arriver, elle va buguer isis.
obligatoirement. pas prête pour ces conneries.
pour ses conneries.
isis, même en s'préparant à cette éventualité,
elle tombera de haut.
lourde chute.
gamine habituée aux vilains mots,
ceux qui veulent blesser,
pas soigner.
les trucs moches entre eux, c'est normal, l'quotidien.
les trucs beaux, ils connaissent pas.
pas quand ils sont tous les deux.
sauf que y'a qu'toi qui semble dérangé, alors si, c'est a toi d'bouger.
et c'est vrai.
isis, elle râle plus après l'fait qu'il soit là.
y'a qu'lui qui peste, pour qu'elle dégage.
l'laisse seul, comme il l'est la plupart du temps.
mais isis, elle n'va pas non plus dire qu'elle apprécie sa compagnie.
faut pas pousser.
elle l'accepte simplement,
la tolère, tant qu'il ne la fait pas trop trop chier.
tant qu'elle semble avoir un minimum la situation en mains.
illusion, rien de plus.
parce qu'avec lui, elle contrôle rarement les choses.
envenime la situation, dans l'meilleure des cas.
déclare la guerre. mais tout lui échappe bien vite.
bien qu'elle garde la face. en toute circonstance.
lui tient tête. peu importe le sujet, la situation, son niveau d'énervement.
entêtée, au moins autant que lui.
c'est ce qui mène au pire entre eux,
l'fait qu'ils ne laissent pas l'autre avoir l'dernier mot.
y'a quoi d'mal ? sérieusement ? un gamin de cinq ans aurait pu sortir ça. et ouais, c'est clairement pas aussi recherché que les thons rouges. j'fais au moins l'effort de t'apprendre des trucs.
gamine qui gonfle ses joues,
avant de souffler, lourdement.
heureusement qu'ils sont pas tous comme toi. on s'ferait bien chier sinon. t'es un putain d'vieux rabat joie avant l'heure. tu devrais peut-être rejoindre les vieux cons du coin, l'groupe doit sacrément s'faire chier sans tes remarques à deux balles.
isis, elle laisse un blanc.
court, mais quand même présent.
et j'préfère nettement être une conne qu'te ressembler au moins un peu. y'a au moins un truc a dire sur moi. un truc qu'les gens retiendront. toi, y'a rien. t'es vide. tu sers a rien. t'es là sans être là. comme une décoration. c'vieux truc moche qu'tu met dans un coin, caché entre deux étagères. s'il disparaît, tu t'en rend pas compte. mais c'est là. ça reste. comme un putain de parasite.
le tout qui s'enchaîne.
les idées qui se mêlent. s'emmêlent.
et le tout qui sort. qui semble avoir un minimum de sens.
c'est l'principal.
les doigts d'la gamine qui finissent par se poser sur le sable, s'y enfoncer.
s'concentrer sur autre chose, pour essayer d'se calmer, au moins un peu.
les sourcils qui se haussent. et le rire qui résonne.
isis qui n'peut pas faire autrement, quand il lui balance qu'elle le dévore des yeux.
quand il lui demande si les méchants garçons lui font de l'effet.
vrai rire. sincère. elle pourrait en rire des heures. s'en chopper des crampes.
aux abdos. aux joues, aussi.
qui t'dévore du regard ici ? j'cherchais juste un truc a peu près normal sur ta tête, mais j'trouve rien. tout m'paraît pas vraiment à sa place. t'es comme un picasso toi, abstrait. mais genre totalement.
et elle est fière d'sa réplique la gamine.
mais elle ne le montre pas. pas vraiment. juste ce petit sourire aux lèvres. léger. discret.
ah parce que t'en connais toi, des méchants garçons ? non parce que j'aimerai bien en rencontrer, un vrai t'sais. pas juste un pseudo méchant, l'type qui parle juste trop. grande gueule, mais sans plus.

parfois, elle lui donne envie de sourire.
ses remarques sont amusantes,
enfantines,
bêtes,
mais ça l'fait rire, bebe. son audace.
il y pense, de temps en temps,
dans son taudis, avec cigarette au bec.
la gamine et ses remarques. la gamine et son regard.
c'est bizarre, non? de se dire qu'il pense à... elle.
ouais, ça l'est. parce qu'il la hait, qu'il peut pas se la voir.
sauf quand elle est dans ses bras,
là, ça va.
comment tu peux être aussi fière de ces histoires ?
des thons rouges ?
j'savais pas que ton cas était aussi perdu.
bebe est pas connu pour avoir beaucoup d'arguments,
il règle tout par le sang,
la guerre,
les blessures,
et jamais il lève le drapeau blanc.
j'suis pas du genre à fricoter avec les gens du coin.
ni à leur parler, à faire ami-ami.
j'm'appelle pas isis.
mec, tu fonces droit dans un mur avec tes remarques.
t'es vachement nul.
tu devrais prendre des cours, histoire de l'écraser.
elle continue avec sa mélodie,
remplie de rage,
mais surtout des vérités. elle a tout cerné.
du début à la fin.
et alors? y'a que toi qu'ça gêne.
moi j'aime être le vieux vase, caché, abandonné,
j'ai rien contre.
au moins, j'suis pas une p'tite peste. celle qu'on déteste,
mais qu'on ose pas mettre au courant.
il l'observe, vaguement,
il la regarde, regard rempli de préjugé,
picasso qu'elle te sort. wow. cultivée, la gamine;
mais toujours aussi chiante.
bizarre. généralement, les gens aiment les picasso.
tu t'es trompé dans l'calcul gamine.
ouais parce que toi, t'es pas aimé.
t'es pas une oeuvre de picasso.
tu peux être l'oeuvre d'un gamin de trois ans,
c'est tout.
laisse tomber, tu t'ferais bouffer tout cru.
tu fais une pause.
courte pause,
qu'est-ce qu'elle vient de dire ?
c'est parce que je suis encore doux avec toi,
j'fais pas de mal aux demoiselles.
à moins qu't'aimes ça ?
t'aimes ça?

bebe, c'est un p'tit con.
c'est une certitude ça.
l'gars qui joue avec les nerfs d'isis,
qui lui rend bien les conneries qu'elle dit, qu'elle fait.
rien d'plus, rien d'moins.
putain d'abruti qui réussit toujours à l'énerver,
pour un rien. en un rien d'temps.
ce sale gosse, qui n'en est plus vraiment un.
c'type bizarre, qui passe un peu trop souvent dans un coin d'a tête.
pensée permanente, ou presque.
ta gueule bebe.
les mots qui glissent.
l'ton presque doux, presque seulement.
sourcils froncés, parce qu'ça l'énerve, un minimum.
l'gamin qui la descend. encore un peu plus.
l'enfonce.
lui fait comprendre qu'elle dit d'la merde.
des conneries. toujours plus.
mais il n'a pas des masses d'arguments aujourd'hui,
comme l'reste du temps.
mais pourtant, il reste là,
continue d'parler.
fait l'fier.
toujours.
j'fais pas ami-ami avec eux. mais j'parle. ouais. t'sais, y'a rien d'mal a ça. c'est humain comme comportement. mais tu dois pas comprendre c'genre de choses.
sous-entendu clair,
bebe pas vraiment humain,
pas dans son comportement, dans sa façon d'pensée.
gamin bizarre, dérangé, plus qu'elle.
mais j'le sais très bien ça. j'casse les couilles a quasiment tout l'monde ici. alors j'sais que je ne serais certainement pas élue gamine préférée de l'île. mais j'm'en tape. moi au moins j'ne reste pas assise, l'regard vide a attendre qu'les choses se passent. j'dis c'que j'ai a dire. a qui j'ai envie d'le dire. j'vis, que ça plaise ou non. toi, on peut croire qu't'es mort a l'intérieur.
les yeux dans les yeux, un bon moment.
l'regard du gamin qui s'fait jugeur.
comme souvent. trop souvent.
mais elle n'détourne pas l'regard. jamais.
pas devant lui. oh surtout pas.
j'me suis pas trompée. j'disais pas ça pour l'attrait autour d'ses tableaux. juste pour la gueule qu'ils ont. ça n'ressemble a rien. ça part dans tous les sens. comme ta gueule. j'sais qu'personne ne t'apprécie ici, et ailleurs aussi.
bebe qu'personne n'aime,
qu'personne ne connait.
et c'est ça l'vrai problème, parce que des gens pourraient l'apprécier,
sûrement.
mais l'gamin, il ne leur en laisse pas la chance.
sorte de carapace, ou connerie du genre.
mais il parle avec isis.
parle. encore et encore.
lui tient tête, l'envoie chier, essaie d'le faire, surtout.
moi ? j'me ferais bouffer ? prends pas tes rêves pour la réalité.
sale gueule qu'elle tire.
grimace qui vient déformer ses traits, un bref instant.
les yeux qu'elle roule,
image grandiose.
gamine dans toute sa splendeur.
sale gosse, qui joue.
trop. qui cherche.
provoque. bebe et tous les autres.
passion qu'elle a, sûrement.
truc qui la mènera a sa perte, à coup sûr.
tu n'fais peur a personne. t'aboies plus qu'tu ne mors. tu gueule, fort, mais tu n'sais rien faire d'autre. tu n'fais de mal à personne, ni aux gars, ni aux filles. mais continues d'te voiler la face si tu veux.
isis qui provoque.
bien trop.
qui joue avec les limites, du raisonnable.
avec les nerfs du gamin, aussi.
flamme qu'elle allume, progressivement.
vers la lignée de poudre conduisant à la bombe.
bombe humaine,
bebe.
gamine qui cherche a l'faire vriller.
quitte à l'regretter.

bebe, il sait pas pourquoi,
il a aucune idée,
il a pas d'explications,
il a rien. pas d'arguments, ni d'ébauche.
il sait pas pourquoi il est aussi proche des enfers,
du malheur,
de la violence,
de ce tout qui fait mal. bebe, il est comme ça depuis qu'il est gamin.
il s'battait dans les cours de récré,
cassait les nez,
cassait les poupées,
tuait à p'tit feu mémé.
ouais, il pense qu'elle est morte d'sa faute,
qu'elle s'est tuée à cause de bebe.
c'est ce que papa disait, à maman,
dans la nuit.
c'est une anomalie.
c'est un monstre.
faut l'abandonner.
j'peux plus l'garder.
bebe, il a été bercé par c'qui tue,
c'qui abîme,
fuck les mélodies,
les nounours,
l'innocence.
alors ferme-la aussi.
et restons là, assis, comme des cons.
non, c'est idiot.
c'est pas eux.
forcer de gueuler.
de s'entre-tuer.
nan, t'as compris. c'pas mon truc, ce genre de choses.
bravo, t'as enfin saisis quelque chose.
il rirait presque, bebe.
il est sûrement mort de l'intérieur, ça, tout le monde le sait.
il aime pas la vie,
et veut pas détrôner la mort.
c'est pas quelque chose qu'il aime dire,
qu'il ressent rien.
isis, on dirait qu'elle vient tout juste de comprendre.
mais gamine joue avec un être éteint.
ôté de toutes émotions.
bah il serait temps que tu te taises,
et que t'arrêtes de souffler, un moment.
réfléchis-y, s'il te plaît.
c'est qu'il devient limite poli,
le bonhomme.
comme si j'allais rêver de toi.
pour qui tu m'prends?
il hausse les sourcils,
l'air moqueur,
abandon de celui-ci qui juge.
il fait un peu des deux, elle doit être habituée.
et toi, tu parles sans savoir.
tu m'connais pas,
t'as pas envie d'me connaître. tu s'rais surprise.
c'est quoi ton but dans la vie, isis? à part m'faire chier?

isis qui reste là.
même si bebe lui dit de partir,
même si rien ne devrait la retenir, ici,
avec lui.
rien.
gamin pas aimable.
gamin pas agréable,
sauf à regarder mais ça, c'pas possible a avouer,
a assumer.
elle peut pas l'trouver beau, parce que son putain d'caractère devrait amochir l'tout.
mais c'même pas l'cas.
non, parce que même en étant l'plus grand des cons,
il a c'truc,
il lui tient tête.
même si elle a raison, même s'il n'a aucun argument.
affront qui ne cesse pas,
jamais,
pas entre eux.
cercle infini, sans fin.
sans but non plus d'ailleurs.
avoir l'dernier mot, et encore, aucun mérite a l'avoir.
discours de sourds.
mais c'est amusant, d'un côté.
isis qui rit, encore, quand il reprend parole.
quand il dit qu'elle doit la fermer, elle aussi.
comme le dirait un gosse d'six ans.
pas plus.
t'as la répartie d'un enfant d'six ans, c'est impressionnant en fait.
comme s'il pensait réellement qu'elle allait s'taire, ne rien dire.
là et tous les autres jours.
drôle de blague. truc improbable.
ça aurait été débile comme truc.
tous les deux sur l'sable sans rien dire.
l'silence qui les englobe, glauque.
trop différent des autres jours.
et bebe, qui joue au malin.
qui fait mine d'la féliciter.
j'saisis bien plus de choses qu'tu ne le pense. mais tu n'vois juste rien. ou juste c'que tu veux bien voir.
bebe, mort à l'intérieur,
tout le monde le sait,
tout ke monde le voit, surtout.
comme une évidence, ce truc qui saute à la figure.
flagrant. qu'personne ne peut nier, pas même lui.
mais il n'essaie même pas.
il n'essaie pas de changer les choses non plus, comme si ça lui plaisait.
pensée étrange. mais pas si surprenante.
bebe, on pourrait l'associer a des trucs vraiment sombres.
on pourrait l'tenir pour responsable des pires trucs qui s'passent sur l'île.
de la disparition subite d'un gosse à la mort soit disant accidentelle d'une vieille.
ça ne choquerait personne de savoir qu'il serait impliqué.
personne ne le défendrait vraiment.
personne ne pourrait s'porter garant d'son innocence.
peut-être qu'isis le ferait, pourtant.
truc insensé.
mais juste s'il était avec elle a c'moment là.
truc probable, vraiment.
ses parents qui gueuleraient peut-être.
isis avec un garçon comme ça, réaction compréhensible.
elle devrait traîner avec des gens bien,
ceux avec qui elle s'ferait chier, a qui elle n'aurait rien a dire.
ceux qui n'sont pas fait pour elle,
pas assez intéressant a ses yeux.
isis qui ne répond rien, quand il devient presque poli,
presque comme eux, les autres.
mais qui n'peut pas s'empêcher de parler,
après, quand il reprend parole.
gamin qui dit n'pas rêver d'elle. et elle sait pas si ça la rassure ou la vexe.
elle n'sait jamais grand chose quand ça touche à bebe et à l'impact d'ses mots, d'ses gestes.
casse tête. trop pour elle. pour c'petit être.
j'suis persuadée qu'tu mens. j'te hante même dans tes rêves.
comme lui le fait bien trop souvent.
gamine jamais vraiment tranquille.
jamais vraiment en paix.
mais j'ai même pas besoin d'vraiment te connaître pour savoir ça. et surprise de quoi ? t'as volé un chat hier ? insulté un gosse d'un an ? couché avec une vieille pour son argent ?
gamine qui ne répond pas a tout. pas de suite.
garde le silence, un temps seulement.
avant de répondre.
quand elle en a enfin envie.
quand elle en ressent le besoin, pas avant. pas après.
mon but dans la vie c'est d'faire chier l'monde entier. ça a l'mérite de m'occuper. n'croit surtout pas qu't'es le seul a avoir c'privilège. l'monde ne tourne pas autour d'te petite personne.

une chose est sûre,
t'es aussi dérangé que quand t'étais enfant.
gosse, les gamins avaient peur.
gosse, les profs te laissaient pas avec des ciseaux.
gosse, t'étais vachement tourmenté.
tu restais seul, isolé.
dans ta tête, ça tournait pas rond.
pas de psychologues,
pas de conversations avec papa,
ni maman.
juste toi, tes pensées, tes envies.
pas normal, fuck les normes.
les règles, c'étaient pour les faibles, même à l'époque.
on en parle de ta répartie? inexistante, soit dit en passant.
gamine qui dit qu'elle sait beaucoup de choses,
mais toi, ça t'importe peu.
c'est parce que j'm'en branle de ce que tu sais.
genre totalement.
elle peut en savoir beaucoup sur les thons rouges,
les méchants garçons,
les vieux du coin,
ça change rien à ta vie.
la revoilà qui revient, avec tes rêves,
tu rêves pas, toi, déjà.
tu cauchemardes surtout. beaucoup.
j'peux pas te raconter,
t'en ferais des cauchemars.
en vrai, il a rien fait de méchants, ces temps-ci.
ses poings sont pas abîmés,
ses lèvres, lisses.
il s'est pas battu.
ni volé.
rien brisé. même pas un coeur, ni un nez.
que dalle.
j'veux pas être privilégier, gamine.
j'veux être que de la poussière à tes yeux.
comme ça, tu viendras plus m'faire chier.
il veut s'évaporer pour fuir ses mensonges,
ceux qu'il crache au visage d'isis.
bebe s'lève, dans un soupir,
la r'garde, avec dégoût.
tu m'saoules. j'ai envie de te faire bouffer l'sable.

isis, elle est bizarre.
c'est ce qu'on lui dit, souvent.
mais a côté d'bebe, elle se sent presque normale la gamine.
mais c'pas plaisant, loin de là.
c'est dérangeant. presque gênant.
pas l'habitude.
isis, elle a fais peur a pas mal de monde.
gamine qui criait. gueulait. pleurait.
fort. très fort.
et encore maintenant.
on l'entend de loin, même en s'bouchant les oreilles.
cri perçant.
regard noir. poings qui se referment.
vaut mieux rester sur la tienne. c'mieux comme ça.
regard qui reste sur l'gamin.
fixement. gamine qui ne bouge pas.
assise sur le sable, doigts qui creusent.
vent qui ne se calme pas.
cheveux qui se lèvent. se soulèvent.
volent. arrivent sur son visage. un instant.
avant de repartir dans l'autre sens.
bruit des vagues.
pour bruit de fond.
pour n'pas laisser le silence peser.
c'cool pour toi. mais ça, j'le savais déjà.
épaules qui se haussent.
parce que c'est sûrement l'truc le plus simple a comprendre.
le plus évident.
comme si bebe pouvait s'soucier de ce qu'elle dit.
comme s'il l'écoutait réellement.
mais isis, elle continue.
balance qu'il rêve d'elle.
obligatoirement.
refuse d'se dire qu'il puisse avoir la paix,
alors qu'elle ne l'a pas.
jamais. pas même la nuit. quand rien ne l'atteint. là où rien n'est censé l'atteindre.
j'en doute fortement.
isis, elle sait qu'il n'a rien fait d'mal ces temps-ci.
personne n'a rien dit sur lui, sur ses conneries,
depuis un bon moment maintenant.
visage net, sans égratignure.
pas comme d'habitude.
aucun bleu. aucune plaie. rien.
même isis est plus amochée qu'lui.
un bleu sur la jambe droite.
une vilaine griffure sur le bras.
plusieurs mieux.
un chat qui l'a fait.
mais isis qui dit qu'c'est une autre fille, quand elles se sont battues.
n'peut pas dire haut et fort la vérité.
triste réalité.
isis qui dit qu'il est privilégié.
d'une certaine manière. mais ça n'plait pas a bebe.
bebe qui râle, encore.
il n'sait faire que ça.
même si t'étais qu'de la poussière, j'viendrais t'faire chier. j'te marcherai dessus. tout l'temps.
sourcils qui se haussent.
sourire sur les lèvres.
gamine dans toute sa splendeur.
bebe qui se lève.
qui la domine de toute sa taille.
tête qu'elle doit lever, pour l'observer.
et bebe qui la menace, d'une certaine manière.
isis, assise. isis, qui devrait baisser les bras.
qui ne fait pas le poids. pas assise.
pas là.
mais non.
non, rien de tout ça.
essaies bebe, essaies juste. j'te noies.
gamine sérieuse. réellement.
et c'est ça le pire.
parce qu'elle y croit, vraiment.
s'pense capable de le faire.
espoir vain.
gamine qui ne fait pas le poids.
pas en combat régulier.

elle cesse jamais.
elle fait qu'ça,
parler, t'faire chier,
t'occuper.
avec le temps, elle a appris à comprendre,
assimiler. elle sait que tu te fous de tout,
surtout quand les gens parlent,
même quand elle parle.
elle parle dans le vent,
tu retiens jamais ce qu'elle dit.
enfin, tu retiens que quelques mots,
phrases,
jolies tournures qu'elle peut prononcer.
mais elles restent rare, puisque généralement,
elle te crache des saloperies au visage.
des vacheries. amusantes, salaces,
mais pas blessantes. il t'en faut plus.
tu doutes parce que t'as pas encore vu,
ni expérimenté.
tu sais rien d'la vie.
toi non plus.
tu connais que les vices,
pas les bonnes choses.
tu connais pas l'amour,
ni l'amitié,
et encore moins les choses censées.
t'es qu'un putain d'gosse qui fait genre,
qui s'cache derrière cette mascarade.
j'm'appelle bebe, j'ai du vécu,
toi, t'es personne. bref, des conneries.
ah, j'comprends maintenant. tu tiens trop à moi pour abandonner.
tu pourrais pas te passer d'moi.
c'est donc ça.
tu souris. premier sourire de la journée. wow.
ça t'fait bizarre d'étirer à nouveau tes lèvres.
elle parle, inutilement.
des menaces qui ne te font pas peur,
t'en trembles même pas. t'en rigolerais presque.
alors, d'un geste las, tu prends une poignée de sable humide.
celui qui colle désagréablement à la peau. celui qu'on hait.
et tu lui lances dessus. sans pitié.
ça t'apprendra.
étouffe toi avec.
et meurs.

parler.
encore et encore.
pour rien. pour tout, aussi.
sans qu'ça serve à quelque chose.
ça ne sert a rien.
rien du tout.
parler dans le vent. toujours.
paroles qui s'envolent. loin.
pour ne jamais revenir.
pour ne jamais marquer.
paroles qu'on ne retient, qu'un temps.
court instant.
avant que les suivants n'arrivent.
du n'importe quoi.
du grand bebe et isis.
ça ne ressemble a rien entre eux.
échange de mauvais mots.
de saloperies.
presque des coups. mais ça n'arrive jamais.
pas pour le moment. pourtant, y'a les poings serrés.
sourcils froncés. mâchoire contractée.
et ça ne change pas.
ça ne changera jamais.
les deux qui font les malins.
s'pensent intelligents. plus que l'autre.
toi tu penses connaître la vie ? ça y est, t'as trois poils au menton et tu t'penses savant ? tu n'connais rien. rien du tout. encore moins qu'moi.
isis, elle sait. sait qu'elle ne connait rien à la vie.
au monde.
elle sait qu'il faut qu'elle aille ailleurs pour connaître.
qu'elle fasse sa propre vie, aussi.
parce que c'est pas ici, sur cette île, qu'elle apprendra quelque chose.
isis pas folle, pas totalement.
à moitié seulement.
encore lucide, de temps en temps.
gamine qui comprend, certaines choses.
quand papa lui dit qu'elle ne connait rien, par exemple.
quand les vieux s'permettent de sortir leur science a deux balles, aussi.
les choses s'enchaînent.
bebe qui sourit, même.
gamin qui sourit. et c'est presque joli.
ça change. ça lui donne presque un air doux.
gentil. truc trompeur.
parce qu'il n'est pas comme ça. et ne le sera sûrement jamais.
gamin qui sourit quand il balance qu'elle ne peut pas se passer de lui.
gamin qui s'voile la face. totalement.
ou peut-être que c'est la gamine.
penses ce que tu veux. mais n'espère pas trop, tu finiras avec l'coeur brisé.
gamine qui sourit, presque.
qui s'amuse, un peu.
joue un minimum avec les mots.
comme si bebe pouvait avoir l'coeur brisé.
organe qu'il ne possède peut-être même pas.
bebe debout.
isis assise.
pas pour longtemps.
bebe qui lance le sable.
en pleine tête.
grimace qui déforme ses traits.
yeux qui se ferment.
un bref instant. et isis qui bondit sur ses pieds.
qui s'avance. sable dans la main.
humide.
elle s'avance.
encore.
encore plus.
un peu trop.
quasiment collée à lui.
main qui vient se coller à sa joue.
sable qui s'y trouvait qui s'étale sur sa peau.
qui y colle. même quand elle retire sa main.
même quand elle s'éloigne.
elle distingue encore les grains sur sa joue. trop lisse.
gamine qui avait promis la noyade, qui se contente du sable.
la prochaine fois, c'est l'eau.
les mots soufflés, avec amusement.
parce que ouais, elle s'amuse.
là. quand elle joue avec le feu.
avec bebe.

il l'observe,
il a rien à lui répondre.
c'est l'néant.
un peu comme dans son coeur,
mais moins.
y'a genre un coupon de -10%,
qui lui permet encore d'penser,
d'répondre.
bah toi alors? t'as aucun poils sur l'menton, gamine.
ça en dit long.
vive l'estime de soi inexistante.
qu'est-ce que t'es con,
vraiment bête,
inutile, qui plus est.
il lève les yeux au ciel lorsque mentionne coeur et brisé dans la même phrase.
grosse blague.
de un, l'organe est présent uniquement pour l'faire vivre.
pas pour aimer.
de deux, ça se brise pas.
c'est fait de fer, de pierre.
de trois, son dernier souhait, c'est qu'elle ressente une connerie du genre,
mais pire,
pour lui. ce serait encore pire.
quelle idiote.
j'espère pas.
tu devrais l'savoir.
il nie, cependant, pas les faits.
c'est l'mystère qui fait réfléchir,
languir.
mais sûrement pas isis. elle est différente, elle.
elle crachera sur l'mystère,
s'en moquera.
il rit, vite fait.
il rit en voyant le désastre sur le visage d'la gamine.
son oeuvre.
plus abstrait que le visage de bebe.
c'est laid,
répugnant. comme lui.
parce qu'il est aussi recouvert de sable, maintenant.
parce que ça colle,
ça dérange,
ça pue l'sable humide, quoi.
il voit rouge,
il la hait. mais l'aime à c'moment. en secret.
pour un sourire,
pour la flamme dans ses yeux.
ce sont des enfants. ils jouent.
tranquillement.
et comment tu comptes m'noyer?
tu fais deux pouces, gamine.
il se moque, râle même plus pour son état. pour le sable.
il se rapproche, dangereusement,
comme un lion devant sa proie.
c'est bien, isis.
tu m'donnes des idées.
j'espère t'aimes l'eau salée,
parce que tu vas la goûter.
et il courre, à sa recherche,
à la recherche du poids d'isis sur ses épaules.
et enfin, il y arrive.
direction les vagues,
direction la mer.
ensembles.

les yeux dans les yeux.
elle attend.
la réponse.
la nouvelle attaque.
celle qui ne tarde pas, évidement.
celle qui allait de soit.
réponse pourtant décevante.
parce qu'elle s'attendait à mieux, bien mieux.
surtout venant de lui.
d'ordinaire, il trouve mieux, au moins un peu.
alors y'a les sourcils de la gamine qui se soulèvent.
surprise. amusée, aussi.
elle retient un rire.
un vrai, sincère.
parce qu'il dit des conneries.
un truc ridicule.
qui bat des records. au moins ça.
t'es vraiment débile. moi c'est normal que j'en ai aucun. toi par contre, faut peut-être commencer à t'poser des questions.
l'insulte, gratuite. totalement.
cadeau de la maison.
les deux gamins qui devraient s'arrêter là.
n'plus s'enfoncer.
arrêter les frais.
mais non. ils continuent.
entêtés.
et le sale gosse qui reprend parole.
qui ne répond qu'en partie.
ne nie par le reste des faits.
elle saute sur l'occasion, n'peut pas passer a côté.
pas avec bebe.
c'est tout c'que t'as a dire ? donc tu n'dis rien sur l'fait qu'tu finirais avec le coeur brisé ? tu veux sérieusement laissé un genre de suspens là-dessus ?
et ça sonne comme un reproche.
totalement.
comme si ça la décevait.
et le tout va trop vite après.
trop pour elle.
elle ne voit pas les choses arriver.
le sable arriver jusqu'à elle.
s'étaler sur son visage. au moins un peu.
se mêler à ses cheveux.
elle bondit.
ne retire même pas les grains.
se venge, avant tout.
étale une poignée de sable sur la face du gamin.
une bonne dose.
qui colle, bien comme il faut.
et les mots qui s'envolent.
menace. qui ne semble pas effrayer le gamin.
pas le moins du monde.
ça l'fait presque marrer.
faut t'méfier, c'pas parce que je n'suis pas bien grande, ni forte, que je n'y arriverai pas.
gamin qui s'fout de sa gueule.
en approchant.
reprend son idée.
le fruit de ses pensées tordues.
pas celles d'bebe.
celles qu'il n'a pas le droit de toucher.
et pourtant, il le fait.
s'empare de sa menace.
pour la retourner contre la gamine.
sauf que lui, il joint les actes a la parole.
se rue sur elle, la hisse sur son épaule et s'rend vers l'étendue d'eau.
qui ne s'est toujours pas calmée.
isis qui ne se débat pas.
pas vraiment.
ça ne servirait à rien. vraiment pas.
alors elle s'accroche. fermement.
les bras autour de sa taille. la tête simplement relevée. un minimum.
et elle le pince isis.
fort. hésite presque a le mordre, mais ne fait rien pour le moment.
si j'dois goûter l'eau, tu devras sacrément te mouiller pour y arriver.
et là, elle est sure d'elle la gamine.
parce qu'elle ne lâchera pas.
elle ne le lâchera pas.
et finalement, isis, elle craque.
ses dents qui viennent mordre le bas du dos du gamin.
pas trop fort. pourtant, elle aimerait laisser une marque.
longtemps.
mais elle ne le fait pas. mord juste assez pour qu'il sente. ses dents dans sa chaire.
juste assez pour lui faire comprendre de ne pas faire de connerie.
de la lâcher. sur le sable. pas dans l'eau.
laisses moi. sur le sable. fais pas l'con bebe. si j'fini a l'eau, toi aussi.
et pour confirmer ses paroles, elle ressert ses bras autour du gamin.

bebe, il en a sortit,
des conneries. par centaines,
milliers. mais celle-ci, elle restera sûrement gravée.
c'est juste qu'avec elle, il préfère pas y penser, ni trop réfléchir.
avec elle, c'est un jeu.
le premier qui s'tait trop longtemps a perdu.
alors, bebe, hors de question qu'il s'mette à songer,
à la vérité,
à des trucs censés.
des bêtises lancées dans le vent,
rattrapée par l'enfant.
les enfants.
elle les gobe,
elle grimace,
mais parfois, elle en sourit.
elle sourit de ses idioties.
j'suis très bien comme ça.
j'veux pas d'venir vieux,
et barbu,
comme l'ancien du village.
il riposte, juge encore une fois,
même lui, il l'aime pas.
il l'aime seulement quand il se la ferme,
quand il dit pas un mot. alors, il est supportable.
mais il côtoie pas les gens de l'île,
pas les sains d'esprits,
ou encore les fous.
personne.
juste ceux qui s'aventurent sur des terrains dangereux.
la vie de bebe.
bebe en entier.
j'dis rien parce que c'est impossible,
et que c'est tout con.
t'as quoi avec mon coeur, gamine?
désolée de te décevoir,
mais on l'a volé.
c'est pas une joie princesse qu'il l'a,
ni sa famille,
ni la vie (parce qu'il la hait),
ni la mort.
c'est juste qu'il n'est pas là,
et pour pas dire qu'il l'a perdu,
il dit qu'on l'a volé. au milieu de la nuit,
quand il était pas éveillé.
pouf. comme ça. quand il était bébé.
t'es pas grande,
ni forte,
mais p'tain que t'en as de l'ambition.
il devient plus supportable. plus amusant.
moins froid, plus chaud.
il parle, sans faire mal,
toujours en se moquant, mais en s'amusant.
bipolaire, peut-être, on en sait rien.
et il l'attrape. ses mains l'entourent, penchée sur ses épaules,
ses mains accrochées à son bassin.
pas lourde, la gamine.
pas du tout.
poids plume pour un mental d'acier,
et une bouche remplie d'mots glacés.
ça m'fait pas peur, tu sais,
de rejoindre tes copains les thons.
il s'en fout de l'eau, tant qu'il aura la satisfaction de l'avoir trempée,
de la tête au pieds.
bebe, il s'redresse. il s'arrête.
elle l'a mordu, comme un vieux chien enragé.
comme une sale sauvage.
ça lui procure un pincement dans l'bas du dos,
un truc qui le réveille,
qui lui donne encore plus envie de la noyer.
saloperie.
il souffle entre ses dents,
serre son emprise sur elle encore plus qu'elle ne le fait.
il veut se venger sur le champs.
là, tout de suite.
bah quoi?
t'as peur?
tu flippes?
tu chauffes?
laisse-moi t'aider, isis.
ni plus, ni moins,
il se lance dans l'eau,
il s'en fout total. il aurait pas pu la lancer,
trop accrochée,
comme une moule à son rocher.
il est trempé, comme la gamine;
toute mouillée.
il en est fier, tellement fier,
qu'il en rigole.
alors? tu vas m'faire quoi maintenant?
m'tuer ?
m'noyer ?
tu sais nager, au moins? t'as pieds ?
dit-il alors qu'il y'a même pas un mètre de profondeur,
wow, mature.
toujours des piques.
encore des piques.

parler. toujours.
ne pas laisser l'autre avoir le dernier mot.
le devancer.
essayer de lui clouer le bec. même si ça n'marche jamais.
rien n'peut réussir à les faire taire.
rien ni personne.
et c'est bien ça l'problème.
parce que ça continue du coup.
encore et encore.
les mots dans le vent, qu'on finit par n'plus vraiment écouter.
qu'des conneries, ils le savent. tout les deux.
mais ils continuent. quand même.
comme si ça avait un sens.
comme si ça en valait la peine.
des conneries qui fusent des deux côtés.
mais bebe qui bat les records, clairement.
qui s'rattrape presque en évoquant l'vieux du coin.
le barbu. l'grincheux.
pourtant, tu lui ressemble déjà pas mal. mais t'as une tête de bébé, bebe. comment veux-tu être crédible en menaçant quelqu'un ? c'pas possible.
l'minois du gamin qui n'peut pas faire peur. pas comme ça.
peau lisse. sans imperfection.
visage enfantin, doux. trop.
ressemblance intérieure avec l'vieux de l'île.
celui qu'personne n'peut vraiment supporter.
pire qu'bebe.
même isis n'le supporte pas. n'lui parle pas.
parce qu'il part trop loin. dit des conneries, comme si c'était la vérité.
et ça l'énerve la gamine, d'l'entendre.
juste d'le voir aussi. une tête qui ne lui revient pas.
mais elle respecte. un minimum. ne l'insulte pas. pas encore.
un jour sûrement. un jour peut-être.
sauf qu'avec bebe, c'pas pareil.
pas quand la conversation devient presque intéressante.
isis qui l'écoute. attentivement.
comme s'il racontait quelque chose de beau. quelque chose de bien. de vrai.
une jolie histoire. ou une histoire tout court.
coeur qu'on lui a volé.
aucun doute là-dessus. elle le sait. lui aussi.
faut-il encore qu't'en ai eu un un jour. et ça j'en doute.
isis qui ne répond pas a la moitié d'c'qu'il a dit.
répond a ce qui l'intéresse. c'est tout.
ce qui mérite d'être relevé.
l'atmosphère qui change, nettement.
qui devient plus supportable.
presque légère. sourires qui se dessinent, de temps en temps. les rires qui résonnent, parfois.
et pourtant, y'a des menaces dans l'air.
qui seront tenues.
paroles qui ne sont pas dans l'vent. pas cette fois.
c'est l'principal d'en avoir l'ambition.
et elle a raison isis.
parce que l'plus important, c'est d'y croire.
d'croire en soit. pour réussir c'qu'on vise.
gamine qui ne touche plus le sol.
gamine qui s'retrouve sur l'épaule d'bebe.
direction la mer.
elle n'a pas vu l'truc arriver.
n'pensait pas qu'il allait faire ça.
lui balancer du sable a nouveau, ouais.
mais s'apprêter a la foutre a l'eau, non.
tu devrais avoir peur pourtant. t'pas accepté dans mon royaume.
belle connerie qu'elle balance a son tour.
mais elle dira qu'ça vient de l'afflux d'sang à sa tête.
tête en bas. ça servira d'excuse. bancale, mais excuse quand même.
mais elle ne se laisse pas faire isis.
pas vraiment. elle se débat, un peu.
pince. puis mord. fait c'qu'elle peut.
ses dents qui s'enfoncent dans sa chaire. pas trop fort.
mais lui, il râle. évidement.
entre ses dents. et s'venge. bras qui se resserrent fermement autour de lui.
isis qui fait de même. qui reste fermement collée à lui.
bras qui ne lâchent pas.
gamine qui remue. dans tous les sens.
peur d'quoi ? d'toi ? d'l'eau ? laisse moi rire.
elle ne peut pas s'taire. pas là.
même pas quand elle n'est clairement pas en position d'parler.
bebe qui se lance a l'eau.
sans même hésiter.
et rapidement, elle est trempée la gamine. se hisse vers le haut de son épaule.
pour éviter d'se retrouver la tête sous l'eau.
ils ne sont pas trop loin dans l'eau.
elle le sait.
elle voit le sable. pas loin. presque a portée d'main.
t'noyer. et sûrement t'tuer. mais ouais, t'en fais pas, j'sais nager.
elle ne relève pas l'truc sur sa taille.
le frappe simplement. poing contre son bras.
isis qui bouge. un peu plus.
pour finalement se faufiler entre les mains du gamin. pour se retrouver dans l'eau.
à son tour. face au gamin.
et elle lui saute dessus. sans hésiter. pas un seul instant.
bondit sur l'gamin. comme un animal sauvage.
comme un prédateur sur sa proie.
pour le déséquilibrer.
pour le faire tomber.
et ça fonctionne. les deux qui chutent. lourdement.

elle a pas tort.
il est pas crédible, le gamin.
tête d'ange, âme démoniaque.
sourire mielleux, pensées tranchantes.
joli contraste qu'il n'a jamais souhaité.
ça l'a aidé, quand personne le connaissait.
il remettait toujours la faute sur les autres, pour s'en sortir,
on l'croyait, lui et ses yeux presque rassurants
(avant qu'ils ne soient dénudés de toutes émotions),
j'm'en fous d'être menaçant.
tant que j'arrive à mes fins. c'est l'principal.
il a pas son temps à perdre, lui,
il veut pas que les gens le craignent,
le croient,
le redoutent, non.
il fait pas peur, pas physiquement, c'est déjà ça.
un cadeau de dieu. il est pas totalement affreux.
il hausse les épaules. bebe pense.
elle a peut-être raison.
sûrement, qui sait.
personne sait.
même pas ses foutus parents qui étaient censés tout savoir,
nan, ils s'en foutaient. et ses amis, inexistants,
peuvent pas témoigner. car bebe change,
on peut pas l'expliquer. trop complexe. pire que des maths.
et moi j'doute que t'aies eu, un jour, un cerveau.
tu vois, c'est pareil.
on s'comprend.
il riposte, même si ça lui fait pas mal.
juste pour répondre, pour pas qu'elle gagne.
s'tu le dis, gamine.
mais tu vas vite changer d'avis.
parce que les rêves prennent jamais vie,
qu'espérer, c'est rien. t'espères, mais tu l'vois jamais s'animer.
il a pas d'ambition bebe, mais la force et le reste,
la force de penser,
de frapper,
mais pas de rêver.
les paysannes ont pas d'royaume.
court, sec, mais surtout efficace. il en sourit.
elle arrive pas à l'voir, que là,
il s'amuse. c'est rare.
aussi rare que ses sourires sincère.
pas les moqueurs, joueurs, mais les vrais.
ceux qui ne valent rien au monde.
ils finissent tout deux à l'eau,
elle est fraîche,
salée,
comme toutes les autres. sauf que celle-ci,
elle vient de leur île.
l'île spéciale,
l'île des tarées.
wow, j'en tremble.
il s'fout surtout de sa gueule,
il joue le comédien,
le gros gamin.
avec ses conneries, il ne la voit pas arriver,
comme une furie, sur lui. quelle folle.
une nouvelle fois, tête sur l'eau,
isis sur l'dos.
il se débat, tente de remonter, de reprendre sa place de dominant,
comme un lion et sa lionne. mais il est déstabilisé.
prit de court.
il balance des injures quand il a contact avec l'air, la surface,
mais replonge rapidement pour s'venger, pour limite coller sa tête aux sables,
aux coquillages.
et quand il a plus de souffle, il remonte.
y'a son "coeur" qui bat à mille à l'heure. elle a beaucoup d'énergie.
comme lui. des enfants.
mais t'es dingue.
t'imagines j'me serai cogner la tête à un rocher?
tarée.
dit-il alors qu'il vient littéralement de lui faire bouffer du sable,
et des coquillages.
il veut pas être le fautif,
le comédien.

bebe, c'comme l'diable.
on l'imagine laid. qui fait froid dans l'dos.
sauf qu'c'est jamais l'cas.
l'diable, il est alléchant. on l'imagine pas comme ça.
mignon, trop.
attirant, trop.
l'excès qui sur par tous les pores.
bebe qui ne nie pas. avec une tête d'gamin.
imberbe.
qui n'fait peur a personne. pas même aux enfants.
mais il s'tape de ça.
gamin qui balance qu'il s'en tape, tant qu'il arrive a ses fins.
et c'quoi tes fins au juste ? non parce que t'as jamais l'air d'vouloir grand chose.
bebe, on l'voit jamais loucher sur quelque chose. sur quelqu'un.
on l'entend jamais dire qu'il veut telle,
ou telle chose. rien. rien d'tout ça.
alors elle a du mal a comprendre isis.
elle n'comprend jamais bebe d'toute manière.
trop bizarre. trop compliqué.
putain d'tarré.
c'est a cause d'gens comme lui qu'l'île, elle a une réputation bizarre.
elle en est certaine la gamine.
pas de sa faute, non, celle des autres.
isis, elle gueule juste. elle fait pas peur. pas vraiment.
bebe qui fait l'malin.
qui retourne presque les mots d'la gamine.
qui lui dit qu'il doute qu'elle ai eu un cerveau, un jour.
isis qui hausse les sourcils. amusée.
d'une certaine manière.
gamine qui regarde ses cheveux.
ses propres cheveux.
pleine d'auto-dérision.
si j'ai les ch'veux blonds, c'pas pour rien.
l'ton sec, pourtant.
n'pas abuser, non plus.
et non, j'te comprend pas. j'ai pas d'cerveau, t'sais bien.
épaules qui se haussent, comme si ça allait d'soit.
gamine qui joue sur les mots du gamin.
encore. toujours.
trop souvent.
la simplicité.
pas besoin de trouver les mots.
juste recyclés ceux d'bebe.
j'change rarement d'avis, gamin.
l'surnom qui s'pose là. naturellement.
lui qui s'permet. toujours.
alors elle ne va pas s'priver.
isis qui n'ment pas. vérité. pure et dure.
gamine qui ne change quasiment jamais d'avis.
campe sur ses positions. même quand elle a tort.
trop fière pour avouer s'être trompée.
gamine qui préfère s'enfoncer dans sa bêtise.
sourcils d'isis qui se froncent. méchamment.
comparaison a une paysanne.
rien qu'ça.
comme si elle ressemblait aux filles des champs.
n'importe quoi.
elle est mieux qu'ça. mieux qu'elles.
où tu vois une paysanne toi ? pauvre type va. j'ai un royaume si j'veux, t'es qui toi pour dire l'contraire ?
isis qui est sur l'épaule d'bebe.
mais qui n'se tait pas.
qui gueule toujours. fort.
gamine qui n'se rend pas compte qu'il s'amuse.
qu'il s'joue d'elle. joue avec elle.
isis qui n'voit pas le sourire sur ses lèvres. qui n'peut pas le voir.
pourtant, elle aurait aimé isis.
spectacle rare.
beau spectacle, même.
isis qui s'retrouve dans l'eau.
bebe qui s'fout de sa gueule.
isis qui n'peut pas laisser ça passer.
bebe qui termine a l'eau.
avec elle.
tout deux sous l'eau, même.
gamine qui a bondit. vite.
profitant de son inattention.
quand il s'foutait d'elle.
sauf qu'il sort de l'eau. et s'venge.
isis qui a à peine l'temps de reprendre son souffle qu'elle s'retrouve sous l'eau.
encore.
tête contre le sable.
yeux fermés. fort.
gamine qui a eu l'malheur d'avaler de l'eau.
de travers en plus.
sous la surprise.
gamine qui se débat.
brulure le long d'sa gorge.
qui s'met a tousser, comme une folle quand elle sort enfin sa tête de l'eau.
l'hôpital qui s'fout de la charité.
gamin qui la traite d'folle.
alors qu'c'est lui qui vient d'quasiment la tuer.
non mais tu t'fous de ma gueule là ? qu'est-ce que j'en ai a foutre qu'tu te cognes la tête. c'toi le malade entre nous deux. c'toi qui a faillit m'noyer !
les cris. enfin.
fallait que ça arrive.
isis qui bout. clairement. prête a exploser.
ses mains qui passent sur son visage. virer le sable. remettre ses cheveux en place.
il t'manque une case a toi. c'pas possible autrement. j'te fais tomber dans l'eau. rien d'autre. y'a rien dans l'eau là. du sable. des coquillages. même pas d'poisson. et toi, toi là, tu t'venge en foutant sous l'eau. t'es un grand malade en fait. vraiment.
yeux noirs.
coquillage dans la main.
gamine qui reste a distance.
pas qu'elle a peur. elle prend juste ses précautions.
l'souffle court, encore. pas remise d'son escapade sous les eaux.
et elle lance l'coquillage. sur l'gamin. fort.

elle marque un nouveau point,
tu désires rien, à t'voir.
on sait pas vraiment ce que t'aimes,
c'que t'apprécies, ce que tu veux, au fond.
ce que tu attends d'la vie, des gens,
de tout. on sait pas si t'as des rêves, des voeux,
on sait rien.
t'as rien. rien qui te viennes à l'esprit.
t'as pas envie de voir l'horizon,
et encore moins de d'venir riche.
tu veux pas un tas de nana à tes pieds,
et encore moins aller sur la lune.
t'es vide.
c'est top secret.
tout ça parce qu'il a pas de réponse à donner.
l'désert s'invite chez bebe.
allez.
isis et ses remarques sur sa chevelure,
son cerveau, le reste. amusante.
elle joue. il le sent. accepte pour taper plus fort, par la suite.
c'est une pro. elle joue bien, comme s'il elle avait été entraînée,
vous savez. par les meilleurs de la région.
c'est bien. t'acceptes la vérité.
pour une fois.
content qu'elle ne dénie pas,
c'est mieux.
même si t'aurait aimé une autre pique,
pour t'ramener sur terre.
parce que je suis un roi.
et que les princesses,
j'en fait ce que j'en veux.
il continue sur son chemin,
celui de la royauté.
mais, soyons honnête,
s'il aurait le roi d'un quelconque royaume,
ça aurait été celui des enfers.
parce que c'est un petit démon qui écrase les blondinette,
qui les noierait presque. il est dangereux,
s'emporte très vite,
s'venge à la chaîne.
et c'genre de démons, ça énerve les pseudo démon angélique,
les mets à bout de nerfs.
comme isis.
calme-toi, papillon.
j't'avais prévenu.
chose dite, chose faite.
t'plains pas.
il acceptera pas qu'il est en tort,
autant crevé noyé,
et s'laisser emporté par les vagues et le vent,
vers l'Autre,
vers les continents inconnus.
qu'est-ce que t'as maintenant ?
bipolaire de mes deux.
m'fait pas ses yeux,
j'vais te les crever.
l'coquillage qui arrive sur l'torse du gamin, un petit pincement,
quelle gamine, imbécile, idiote, et encore.
wow. aïe.
j'suis touché.
homme à terre.
... nan mais sérieusement, isis?

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