la musique !

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Maël Huysmans
26 D rue Madonne
Sainte-Pélagie

Mon astre éclaté,
Cher Ogre, tu m'as dévoré toute crue, bravo. Ton fantôme hante encore mes lèvres et les fait peser des tonnes, il m'assaille ton spectre, à passer sa main dans mes cheveux et en arracher par poignées pour me lancer, je ne sais quel sort encore. Je fais des cauchemars, de toi, toi, toujours toi, t'es là à mon réveil, posé sur ma poitrine à m'en étouffer et tu me dis doucement des « reste ici, t'es faite pour moi » qui tournent dans le vent pour ne jamais mourir. J'en ai assez de tes mises à feu, tes mises à mort, tu m'as faite cendre et je peux plus me relever, on m'a dit d'essayer, mais j'y ai trop perdu alors je reste au sol, dans un coin à l'ombre dans mon cœur terre brûlée. T'es devenu un monstre aux dents longues, tu fais du mal sans le voir, je crois qu'à la fin, tu voyais même plus les bleus que tu dessinais sur ma peau. Là, dans ta chaire, prise d'assaut par le mal, s'est lové un démon que tu couves comme un petit trésor. Tu multiplies les preuves d'existence depuis que t'as failli y passer, t'es plus le même, tu t'es perdu, de toutes les figures que tu aurais pu prendre, t'as bien choisi la pire. Je crois que tes vertus se sont échappées par tes yeux, car j'ai cru en voir les ruines accrochées à leurs bords puis couler pour ne jamais revenir. Il s'est passé quoi là-bas ? Dans le grand vide ? T'as croisé dieu ? T'as croisé le diable ? Depuis ça, t'as commencé à croire que t'étais une créature originelle pareille à un soleil ou une lune, tes « moi je » à rallonge et tes bonnes intentions noyées d'intérêts. Je souhaite de la force aux prochains, aux prochaines planètes, qui tourneront un peu trop près de toi, qui bourgeonneront jusqu'à éclore et s'autodétruire. Mon dieu, t'étais tellement bon, avant, j'espère qu'il en reste un peu, que quelqu'un puisse te remonter à la surface. J'ai scarifié mon âme pour toi et tout ce que tu m'as rendu, des marques éternelles qui saignent et brûlent quand je repense à toi, tout le temps en fait. La femme en amour qu'on devrait m'appeler, la possédée, la tourmentée, par toi, vilain ange noir, dragon de mes contes de fées, incube nécrophage et dire qu'on aurait pu être heureux, si t'étais pas devenu un autre, un étranger sur son drakkar perforant. Quand j'y pense, tes « frappe-moi », « plante-moi », ils avaient le désespoir des appels à l'aide, alors peut-être que tout est ma faute, peut-être que j'aurais pu te sauver. Mais je ne me fais pas de soucis, tu te finiras tout seul, comme une cigarette sur laquelle on a trop tiré, quand plus personne te verra briller, tu verras comme t'auras mal, encore plus que moi. Ce n'est pas la peine, pour les métamorphoses, les pardons, les stupéfactions, y a plus rien qui m'intéresse chez toi, tout ce que t'es devenu, c'est un pantin fourbe qui joue au bienheureux et puis tu me fais peur, maintenant. J'espère que tu te perdras dans un silence infernal entouré de murs opaques où tes dons d'incube ne te serviront à rien ou dans une clameur de foule, où tu verras que tu n'as rien d'extraordinaire, que tu n'es qu'un sac d'os qui s'est pris pour une étoile ou un nuage. Je ne t'embrasse pas et je ne te cracherais pas dessus car je crois que tu ne t’en rends même pas compte, que t’es le pire ouragan qui me soit passé dessus.